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Les chroniques de la place

Billet n° 1655

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Le printemps arabe (suite)

En direct de Tunis

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Mon amie Saadia qui préside aux destinées du Café Hélicon, un bar, sorte d’espace de détente à vocation culturelle ne se cantonne pas dans son métier d’artiste, puisque je rappelle, pour ceux qui n’auraient pas lu mes articles la concernant que Saadia est comédienne, spécialisée dans le théâtre. Mais en plus de ses indéniables qualités artistiques, Saadia possède une âme et un cœur ouverts, sensibles et humains, voire humanistes. Elle est, en permanence à l’écoute du monde et de ses souffrances mais aussi de ses injustices flagrantes, cela est une évidence pour qui la connait. Elle entretient des relations amicales avec nombre de personnes influentes et évoluées et ne manque jamais l’occasion de transmettre une information lorsqu’elle la sait utile comme vous allez pouvoir en juger à la lecture du message qu’elle m’a transmis hier et qui concerne le monde universitaire tunisien.

Ecrivainparisien

P 7

Nouvelles de la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)

(Tunis, le 14 février 2012)

Succès total de la grève des enseignants de la Manouba et poursuite de la lutte

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A l’appel des deux syndicats de base de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, les enseignants de cette institution ont observé ce matin une grève de deux heures suivie par l’ensemble du corps professoral pour protester contre les dernières déclarations du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, accusant le doyen, le conseil scientifique et les professeurs d’avoir interdit le port du niqàb dans les cours, pendant les examens et les séances d’encadrement pour des raisons politiques et de comploter en vue d’obtenir le limogeage du ministre. Pendant l’assemblée générale, tenue à l’occasion de cette grève qui a vu une participation massive des enseignants de la FLAHM et la présence de plusieurs enseignants appartenant à d’autres institutions, venus soutenir les grévistes, ces derniers ont jugé diffamatoires les propos tenus par le ministre et ils les ont vivement condamné en conséquence et décidé, pour cette raison, d’exiger qu’il présente des excuses à tous ceux qui ont été calomniés. Ils porteraient plainte pour diffamation en cas de refus. Sur le plan sécuritaire, si l’autorité de tutelle, récalcitrante à assurer la sécurité des enseignants et à leur éviter les atteintes à leur dignité et à leur intégrité physique, fermée à l’idée de protéger l’enceinte de la faculté et ses salles contre leur violation continuelle par ce groupuscule, rétive à la soustraire aux menaces envers son autonomie, persistait à se dérober à ses responsabilités, ils présenteraient contre elle un recours en justice auprès du tribunal administratif. Ils ont par ailleurs insisté sur la nécessité de faire comparaitre le plus rapidement possible les agresseurs devant le conseil de discipline et d’assurer le suivi des recours déposés devant la justice. Ils se réservent aussi le droit de faire grève chaque fois que les cours seront perturbés, si les revendications relatives à la protection de la faculté et de ses enseignants n’étaient pas satisfaites.

Ces déclarations sont également dénoncées parce qu’elles inaugurent une nouvelle politique qui vise à porter atteinte à l’autonomie scientifique et pédagogique des institutions universitaires et au principe de la liberté académique. Les enseignants rappellent, à cet égard, que les codes vestimentaires dictés par un parti pris pédagogique ne sont pas des lois au sens juridique du terme mais constituent un règlement intérieur (ou si l’on veut une loi au sens large du terme) qui fait partie des prérogatives de la profession et qu’ils ne peuvent en aucun cas être contestés en raison de l’obligation faite aux autorités de respecter l’autonomie institutionnelle. Il est demandé à l’autorité de tutelle qui est une autorité morale ayant un droit de coercition le rappel de ce règlement par une note de service ou une circulaire chaque fois qu’il est enfreint dans une institution, afin d’y mettre fin à n’importe quelle rébellion ou désobéissance et pour qu’elle ne fasse pas tache d’huile dans d’autres institutions. Elle ne peut en aucun cas se substituer aux instances compétentes et légiférer à leur place.

Le secrétaire général adjoint de l’URT de la Manouba, monsieur Maher Selmi et monsieur Houcine Boujarra, secrétaire général de la FGESRS, venus soutenir les grévistes et sous l’égide desquels s’est tenue l’assemblée générale ont promis, à la demande de l’assistance, de coordonner des actions au niveau régional puis au niveau national en vue de défendre l’autonomie institutionnelle, les libertés académiques et de protéger l’université des violations de son enceinte et des espaces où le savoir est dispensé. Monsieur Houcine Boujarra a profité de l’occasion pour informer les enseignants que les négociations avec le ministère au sujet des revendications matérielles, professionnelles, morales, qui ont été entamées avec le gouvernement précédent et mises sur la bonne voie, n’ont jamais repris avec le ministère actuel qui s’est dérobée à ses engagements d’assurer leur redémarrage ,et à la promesse de publication d’un texte obligeant les étudiantes à se découvrir le visage pendant les cours, les examens et les séances d’encadrement.

La salle qui a été squattée samedi dernier, pour être transformée en salle de prière, a été rendue à sa vocation initiale en fin d’après-midi par l’administration de la faculté. Elle sera à partir de demain matin (15 février) à la disposition des enseignants et des étudiants, à moins que le groupuscule qui en a pris possession ne persiste dans sa volonté de changer son usage par la force. Auparavant, vers 14 heures, un huissier notaire est venu, à la demande du doyen, constater l’usurpation de la salle, la transformation de sa vocation, en présence d’un certain nombre de journalistes. Le doyen a intenté, sur la base de ce constat, un procès contre les membres de ce groupuscule, auprès du procureur de la République au Tribunal de première instance de la Manouba.

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Habib Mellakh, universitaire, syndicaliste.

Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)

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