Tchernobyl:20e anniversaire et des questions
Le site de Tchernobyl, le 1er octobre 1986 – AFP / photographe: ZUFAROV
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Le 26 avril 1986, à 01H23, le coeur atomique du réacteur numéro 4 de la centrale soviétique s’emballe
A la suite d’erreurs de manipulation, deux explosions font voler en éclats l’édifice et une colonne de fumée radioactive s’élève dans les airs.
Le combustible nucléaire va brûler pendant plus de dix jours, rejetant des millions de radioéléments, équivalents à l’intensité d’au moins 200 bombes d’Hiroshima.
Les éléments chimiques les plus lourds retombent dans les environs immédiats, notamment le strontium et le cérium. Les particules plus légères, comme l’iode et le césium, forment un nuage qui contaminera les trois quarts de l’Europe. Porté tout d’abord par un vent soufflant vers le Nord-Ouest, le panache radioactif pollue très fortement l’Ukraine, le Bélarus et la Russie. Parvenu au-dessus des pays scandinaves, il se rabat vers le Sud, puis vers l’Ouest, contaminant, au gré des pluies, l’Europe centrale et balkanique, l’Italie, la France, la Grande-Bretagne et l’Irlande. Les premiers pompiers arrivés sur le site pour empêcher l’incendie de se propager au réacteur numéro 3 attenant reçoivent des doses énormes. Parmi les employés et les secouristes, deux sont morts sur le coup, 28 dans les semaines qui ont suivi, d’une trop forte irradiation. Jusqu’au bout, Moscou tente de cacher, puis de minimiser la catastrophe pour sauver la face de la technologie soviétique. C’est la Suède qui alerte la communauté internationale, le 28 avril, en enregistrant une forte hausse de la radioactivité sur son territoire. L’évacuation de Pripiat, une ville de 48.000 habitants située à trois kilomètres de la centrale, n’a pas lieu avant le dimanche 27 avril en début d’après-midi. Pour les traditionnelles cérémonies soviétiques du 1er mai, les enfants sont appelés à défiler, fanions rouges en main, dans les rues de Kiev, alors que le vent ramène le nuage radioactif sur la capitale ukrainienne. Un ordre de confinement ou la distribution de pilules d’iode stable aurait évité l’absorption d’iode radioactive, réduisant le nombre de cancers de la thyroïde qui en ont résulté. L’Ukraine a condamné le 15 décembre 2000 le dernier réacteur de Tchernobyl encore en activité sur les quatre d’origine, le numéro 3, contre une aide internationale de 2,3 milliards de dollars. Le réacteur numéro 2 avait été mis hors service en 1991 à la suite d’un incendie dans le compartiment des turbines et le bloc numéro 1 en 1996 dans le cadre d’un mémorandum avec le G7 (les sept pays les plus industrialisés).
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Certaines images figurant à la fin de ce billet sont difficiles à regarder.
Tchernobyl: 20 ans après, l’Ukraine se souvient
25/04/2006 13h51
Une petite fille participe à une manifestation des partis écologiques ukrainiens, à Kiev le 24 avril 2006 ©AFP – Sergei Supinsky
KIEV (AFP) – L’Ukraine s’apprête à marquer dans la nuit de mardi à mercredi le 20e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, un désastre symbole des dangers de l’énergie nucléaire et qui continue d’affecter la vie de millions de personnes.
"Le choc de Tchernobyl (…) conservera encore longtemps son importance planétaire en tant que défi lancé au monde entier", a déclaré le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, à l’ouverture lundi à Kiev d’une conférence internationale consacrée à la catastrophe.
Le chef de l’Etat a par ailleurs appelé les pays riches à aider financièrement l’Ukraine à faire face aux conséquences du pire accident nucléaire de l’histoire.
"Il est évident que les ressources nécessaires pour surmonter les conséquences de la catastrophe (…) dépassent de loin les possibilités économiques (…) d’un seul pays et nécessitent sans doute des efforts conjoints de la communauté internationale", a-t-il fait valoir.
Selon M. Iouchtchenko, les séquelles de Tchernobyl ont déjà coûté à l’Ukraine 15 milliards de dollars en vingt ans et on n’est pas arrivé au bout du compte.
La conférence a marqué le début des commémorations qui devaient culminer le 26 avril. Autrement dit dans la nuit de mardi à mercredi, vingt ans après le moment où le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl, située à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, a explosé à 01H23 , contaminant une grande partie de l’Europe, mais surtout l’Ukraine, le Bélarus et la Russie.
Chronologie de la catastrophe de Tchernobyl ©AFP/Infographie
Mardi soir, une troupe de théâtre française, Brut de béton, devait présenter un spectacle à la centrale même, à la mémoire des quelque 600.000 "liquidateurs" de Tchernobyl, envoyés par le régime soviétique pour nettoyer les lieux du drame et construire un sarcophage de béton autour du réacteur accidenté.
Après minuit, des messes sont prévues à Kiev, en présence du président Viktor Iouchtchenko, qui doit se rendre dans la matinée à la centrale.
Parallèlement, des commémorations des victimes de Tchernobyl se dérouleront dans la petite ville de Slavoutitch, à quelque 200 kilomètres au nord de la capitale, habitée par des employés de la centrale, dont le dernier réacteur a été arrêté en décembre 2000.
Vingt ans après le drame, le bilan sanitaire de la catastrophe reste controversé.
Au lendemain de l’explosion, les autorités soviétiques observèrent un mutisme complet pendant plusieurs jours avant de se décider à évacuer 135.000 personnes du territoire entourant la centrale dans un rayon de 30 kilomètres et baptisée "zone d’exclusion".
Selon les Ukrainiens, la tragédie a affecté un total de cinq millions de personnes.
Le bilan de l’Onu de septembre 2005 estime à 4.000 le nombre de décès avérés ou à venir en Ukraine, au Bélarus et en Russie par suite de cancers, mais il est très contesté par de nombreuses ONG.
Une employée de la centrale de Tchernobyl lors des préparatifs des cérémonies à la mémoire des victimes de la catastrophe, le 20 avril 2006 ©AFP/Archives – Sergei Supinsky
Greenpeace parle de campagne de désinformation "insultante pour les victimes", évaluant à 93.000 le nombre de décès potentiels dus au cancer, alors qu’une étude scientifique britannique, rendue publique en avril à Kiev, situe le nombre de décès attendus liés à Tchernobyl entre 30.000 et 60.000.
Sur le plan écologique et économique, 784.320 hectares de terres agricoles ont été interdits à l’agriculture et près de 700.000 hectares à la production de bois. Le coût de la catastrophe s’élève à des "centaines de milliards de dollars", selon l’Onu.
Enfin, le vieux sarcophage isolant les restes du réacteur numéro 4 est fissuré et risque de s’effondrer.
La communauté internationale a réussi à rassembler plus de 720 millions d’euros pour la construction d’une nouvelle chape d’acier devant recouvrir l’actuelle construction.
Les autorités ukrainiennes espèrent commencer les travaux cet été et les achever vers 2010.
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