
La chronique de Jean Claude Lataupe
Billet n° 1387
Décryptage
L’actualité vue par Jacqueline Fraysse
Pour qui gouverne Sarkozy ?
Contrairement à ce que disait Nicolas Sarkozy, quand il y a une grève dans ce pays, on s’en aperçoit ! La mobilisation du jeudi 29 janvier, suite à l’appel unitaire des 8 syndicats de salariés et avec le soutien d’organisations politiques, associatives et de l’opinion publique, a été un franc succès avec près de 2 millions de personnes dans la rue. A Nanterre, 6 cars de manifestants ont rejoint le cortège parisien et la municipalité a tenu à soutenir la grève par un communiqué de presse. D’après les sondages, 61% des français sont prêts à poursuivre la mobilisation.
Si Nicolas Sarkozy a enfin vu les milliers de personnes dans la rue, et s’il donne acte des dégâts sociaux qu’entrainera la récession – déjà 45 800 chômeurs en plus en décembre et une augmentation de 11,4% sur l’année 2008 – il fait le choix de poursuivre coûte que coûte (aux citoyens bien sûr, car ce sont eux qui paient les pots cassés du système financier) sur la ligne qu’il a tracée depuis le début de son mandat : des moyens sans précédent pour les banques et les plus aisés de notre pays ainsi qu’un refus obstiné d’augmenter les salaires et d’aider les plus modestes.
C’est bien ce qui ressort de la "grand messe" télévisée soigneusement préparée depuis une semaine… Pour les entreprises, un cadeau de 8 milliards d’euros avec la suppression de la taxe professionnelle sans compter les 320 milliards prêtés aux banques par l’Etat dont les intérêts (1,4 milliard d’euros), comble du cynisme, pourront éventuellement financer une politique sociale dans un an…
Pourtant des propositions concrètes ont été avancées par les syndicats, les organisations et les élus progressistes, pour une autre relance, fondée principalement sur l’augmentation du pouvoir d’achat, la protection et la création d’emplois. Nicolas Sarkozy les a balayées d’un revers, en écartant toute possibilité d’augmentation du SMIC et en repoussant d’autres mesures, telles qu’un nouveau partage des profits entre salariés et actionnaires, à des négociations futures ou à un hypothétique texte de loi.
Quant au fameux plan de relance "par l’investissement", pourquoi n’organise-t-il pas la construction massive de logements sociaux ? Non seulement cela répondrait aux besoins des 3,5 millions de mal logés en France (chiffres du dernier rapport de la fondation Abbé Pierre) mais cela permettrait de relancer le bâtiment, un secteur créateur d’emplois diversifiés et surtout non délocalisables. Mais le gouvernement fait le contraire. Après avoir baissé de plus de 30% du budget logement social pour 2009, le plan de relance ne compense même pas cette diminution de moyens, quant à la loi Boutin, elle consacre le désengagement de l’Etat et pille le 1% patronal.
Il y a plus que jamais la nécessité de rester mobilisés et rassemblés.
Jacqueline Fraysse, députée des Hauts-de-Seine
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