Les chroniques de Montigny
Billet n° 1979
Histoire d’un patrimoine
Les premiers pas de la Radio Télévision Française
Je vous offre, ce matin, la faculté de revoir, grâce aux images des archives de l’Institut National de l’Audiovisuel, le tout début de ce qui est devenu aujourd’hui une « chose » courante, presque banale, tellement nous y sommes habitués : la télévision.
Vous allez voir au fil de ce documentaire commenté et illustré, des femmes et des hommes qui ont fait, en partant de leur seul enthousiasme et de leur volonté de créer mais aussi de leur rigueur professionnelle, la télévision, une véritable institution née au milieu du siècle dernier.
Sans plus attendre je vous laisse replonger au cœur de vos souvenirs de l’époque de la « télé de papa »
Ecrivainparisien
Mots clés de cet article :
Radio Télévision Française, Patrimoine, Institut National de l’Audiovisuel, Cognacq-Jay, Télé de papa,
La boite à souvenirs
Je vais vous parler aujourd’hui d’un objet dont la majorité des gens ne peut plus se passer puisque la France d’aujourd’hui a organisé sa vie autour de l’objet en question qui occupe tout ou partie de son temps libre.
Aujourd’hui, cet objet, bien que techniquement excessivement élaboré est devenu totalement banal du fait de sa diffusion à grande échelle ; banal, oui mais indispensable à certains et ceux-là ne mesurent plus ce qu’il a représenté hier, à ses débuts.
Regarder et écouter, jadis, ce que diffusait l’objet en question se « méritait ». Peu de gens semblent être en mesure aujourd’hui d’évaluer et d’appréhender ce paramètre.
Mais où est donc passée la télé de papa ?
Elle était jeune, belle et novatrice en ce temps là et, bien qu’en noir et blanc, elle nous faisait voir la vie en couleur ; elle était meuble, fait de bois précieux et constituait une pièce maitresse trônant dans un coin du salon des familles ayant les moyens de pouvoir l’acquérir.
Elle a accompagné la jeunesse de la France qui allait devenir laborieuse et gros nounours, sur son nuage, savait bigrement bien endormir les enfants émerveillés de jadis, devenus aujourd’hui des retraités quelquefois amers et emplis de désillusion devant notre époque et ce qu’on en a fait ; une époque qui semble être allée trop vite à leur gout.
Quelquefois ils ne se reconnaissent plus dans la France d’aujourd’hui ; une France dans laquelle les évènements vont infiniment trop vite ; une France, fuyant en avant, qui a oublié, englouti, dispersé et dilapidé aux quatre vents les valeurs morales de jadis, quasiment toutes disparues aujourd’hui ; des valeurs que chacun se faisait un devoir de mettre en pratique pour son propre compte ou bien celui des siens et dont chacun était fier, pour lui-même mais aussi pour les autres.
Hier on était fier d’être français, chers lecteurs ! Oui, fier !
Et lorsque retentissait l’hymne national beaucoup de gens, pourtant pas forcément « militaristes » dans l’âme avaient l’instinctif réflexe de se redresser et se mettaient à vibrer de l’intérieur devant les accents guerriers de notre chant national…
Pour en revenir à la lucarne magique, puisque c’est de ce « monument » dont je parle, cet objet de savoir mais aussi de pouvoir était capable, d’instinct, de nous informer, nous divertir mais aussi nous émerveiller et nous faire pleurer.
« Pierre Lazareff, Pierre Desgraupes, Pierre Dumayet et Igor Barrère vous proposent… Cinq colonnes à la Une » Combien de fois ai-je vibré à l’annonce de l’indicatif de la première émission d’information de la Radio Télévision Française ?
Je ne m’en souviens plus mais, tout en rédigeant cet article, j’entends distinctement dans ma tête la musique du générique de cette émission unique que l’on pourrait comparer au journal « L’illustration », un grandissime journal, luxueusement illustré, du début du siècle dernier. Ces deux médias avaient en effet une approche réellement comparable en termes de qualité et de professionnalisme.
Musicorama, Denise Glaser ; La séquence du spectateur et sa reine, Catherine Langeais, la « maman » spirituelle et distinguée de toutes les speakerines ; Histoires sans paroles ; La vie des animaux, Claude Darget ; Zorro, alias Don Diego de la Véga, le sergent Garcia, Rusty, Rintintin, le Lieutenant Ripp Masters, Le petit train de la mémoire de Maurice Bruno ; Le manège enchanté, Zebulon, Polux, Margotte : des noms et des émissions de qualité qui sont passés à la postérité.
La liste des émissions de grande qualité, tant au plan de leur fond qu’à celui de leur forme que diffusait la Radio Télévision Française est longue.
La télé de papa me manque et je pense ne pas être le seul à ressentir cette frustration surtout si l’on compare la qualité de ce qui se faisait hier avec le manque d’intérêt, d’originalité, de richesse et de curiosité des piètres programmes qu’on nous impose aujourd’hui.
La télé d’aujourd’hui, pluri-forme et tentaculaire s’installe dans les chaumières nous servant, à l’heure de la soupe et sans aucune vergogne, une information au contenu calibré, millimétré, aseptisé mais fade et sans aucune saveur ; une information synthétisée et à la mise en forme vidée de sa substance réelle ; une information orientée par ceux qui nous exploitent et tirent les ficelles dans l’ombre pour nous faire avaler des couleuvres , aidés en cela par certains directeurs d’information qui préfèrent fermer les yeux plutôt que de faire honnêtement le métier qui est le leur : informer objectivement.
Mon Dieu mais où est donc passé l’héritage que nous ont légué Pierre Lazareff, Pierre Desgraupes et Georges de Caunes pour ne citer que trois des plus grands journalistes d’hier ?
L’information aujourd’hui est reprise partout, à l’infini et à l’identique. On nous l’assène, jour et nuit à tous les temps, tous les modes mais toutes les modes aussi. On nous bombarde, nous assomme, nous matraque et nous asphyxie tentant en cela de nous abrutir afin d’endormir le sens critique qui sommeille en chacun de nous pour nous orienter et nous diriger finalement vers une impasse.
La télé d’aujourd’hui préfère nous caresser dans le sens du poil en diffusant des banalités politiquement correctes dénuées d’intérêt culturel, voire intellectuel. Aux débats instructifs, par exemple, on préfère le football ou bien encore les émissions de téléréalité.
Pendant ce temps on occulte les vrais problèmes quotidiens qui pourrissent la vie de tout le monde : la pollution inquiétante, les erreurs de nos dirigeants concernant des choix stratégiques engageant l’avenir du pays, la malnutrition, le problème du logement qui prend des proportions catastrophiques, les problèmes de santé publique, la pénurie du nombre de médecins dans l’hexagone, la suppression drastique du nombre d’enseignants qui va favoriser, à court terme, l’abaissement du niveau qualitatif et quantitatif de l’enseignement dispensé. Que sais-je encore ? J’en oublie, il y en a tant ! La mise à mort programmée du service public, le dépeuplement dramatique de nos campagnes, le travail des paysans, au sens noble du terme, ainsi que celui des pécheurs, rendu presque impossible par Bruxelles, j’en passe et de moins drôles encore !
Ce plan machiavélique est minutieusement orchestré dans l’ombre par les stratèges qui nous exploitent dans le but évident de favoriser une minorité agissante, une minorité détenant l’argent et la science du pouvoir : en d’autres termes, une caste, comme en Inde !
Heureusement qu’il reste quelques portes de sortie pour ceux qui souhaitent ne pas être aspirés par la spirale de l’uniformité et de la médiocrité. J’en compte un certain nombre de ces portes, à commencer par celle qui consiste à s’exprimer lors des scrutins électoraux ce qui peut changer la donne, on l’a déjà vu.
La seconde porte, grande ouverte à tous, c’est Internet, un outil exceptionnel qui permet d’avoir des informations libres et nettement moins orientées que ce que nous sert le pouvoir en place.
Sur Internet on peut tout dire ou presque et il n’y a pas de censure cependant il faut rester vigilant.
Demandez donc aux tunisiens qui ont courageusement gagné leur révolution grâce à la toile ce qu’ils pensent de cet excellent outil.
« Bon Dieu, mais c’est bien sur ! » comme le disait l’inspecteur Bourrel, alias Raymond Souplex au cours des cinq dernières minutes, une célèbre émission policière diffusée du temps de la télé de papa, une époque « joyeuse » que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre.
Ecrivainparisien
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